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Une méharée a-touristique est-elle encore possible aujourd’hui ?

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Une méharée a-touristique est-elle encore possible aujourd’hui ?

Au Maroc, la quasi-totalité des méharées, ces randonnées de plusieurs jours à dos de dromadaire, se déroule au départ de Merzouga à l’erg Chebbi et de Mhamid à l’erg Chegaga, sur des itinéraires éculés, uniformes et le plus souvent le long des pistes 4×4. Paradoxalement, le Sahara marocain côtier (l’ancien Sahara espagnol) n’en offre pas la possibilité faute d’infrastructures touristiques ad hoc.

Il existe pourtant un juste milieu, à contre-courant de ce qui se propose partout. Nous l’avons découvert pour vous à l’erg Chegaga mais au départ de Foum Zguid et non de Mhamid. Il offre en outre l’avantage de la diversité des paysages : ambiance désertique comme en Mauritanie avec une forêt d’acacias, oasis de carte postale, formations rocheuses dignes de la Monument Valley, hamada minérale austère, champ de dunettes, lac asséché aux mirages permanents, et puis enfin une mer de dunes, le graal.

Une épreuve d’endurance ?

Alors que le soleil cogne des heures durant, que ses rayons brûlent votre peau insuffisamment recouverte par manque d’expérience, que la réverbération éblouit vos yeux mal protégés, votre bouche se dessèche faute d’hydratation régulière, votre dos souffre du manque de coordination avec votre monture, quand ce ne sont pas les mouches qui vous agacent à la commissure des lèvres. Le désert, qu’il soit de sable ou de pierre ne semble pas en finir. Et vous vous demandez ce que vous faites là. Vous finissez par descendre de l’animal pour vous dégourdir les jambes et reprendre consistance. Puis par laisser le dromadaire prendre de la distance pour ne pas subir les divers inconvénients de sa compagnie. Vos pieds en viennent à chauffer. Et vous pestez.

Loin du tourisme de masse et même du tourisme tout court, votre guide et votre chamelier encadrent votre expédition qui sera autant physique, que spirituelle et humaine (voyez notre exemple ici).

Méharée, se donner pour se retrouver

Se donner pour se retrouver

Pourtant, durant ces longues périodes de déplacement, votre regard porte progressivement de plus en plus loin. Votre attention se focalise sur la forme harmonieuse d’une dune, la beauté d’un fossile, la prestance de votre guide imperturbable, le vol d’un courvite, la fuite d’un âne sauvage ou d’une gazelle dorca. Vous parvenez à vous détacher de votre smartphone, de votre bureau, de votre vie trépidante. Malgré l’épreuve, le pouls ralentit, l’esprit se vide, le cœur s’allège. La déconnexion et les retrouvailles de soi-même vous permettent de transformer vos soucis en solutions.

Un désert pas si désertique que cela

Chaque arrêt devient un pur bonheur. D’autant qu’ici et là sortent de nulle part des habitants du désert. Outre ces rares animaux sauvages, on ne manque pas de rencontrer un berger ou un gardien de troupeau de dromadaires se réapprovisionner ou se sustenter à un puits ou à l’ombre d’un tamaris. Vous ne les apercevez qu’au dernier moment, mais eux vous ont vu depuis longtemps approcher. Et dans le désert, on profite de chaque rencontre. Vous vous attendez à ce que l’on cherche à vous vendre quelque chose, mais au contraire ce sont eux qui vous offrent une calebasse de lait de chamelle frais ou de partager leur pain et leur tagine.

La magie du désert n’est pas un mythe. Du moins pour ceux qui sortent des sentiers battus.

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